Actualités

Une filière smart grids engagée en faveur de la transition énergétique et numérique


Publié le 05 Février 2021



Le 28 janvier, les Vœux de Think Smartgrids ont réuni tous les acteurs de la filière smart grids, des chercheurs et universitaires aux startups/PME, associations et grands groupes. Après une année marquée par un progrès fulgurant de la digitalisation, COVID oblige, cet événement 100% digital a placé au cœur des échanges l’engagement de la filière en faveur de la transition énergétique et numérique.

 

 

Les smart grids au cœur de la relance verte

Philippe Vié (Capgémini) a ainsi présenté les recommandations du Plan de relance Smart Grids de l’association. Réussir la transition énergétique, en intégrant une part croissante d’énergies renouvelables, la mobilité électrique et les nouveaux modes de consommation d’énergie, mais aussi en adaptant les réseaux au changement climatique, nécessitera en effet une transformation importante des réseaux, pour les rendre plus stables, plus flexibles, plus « intelligents » et plus résilients. Les smart grids jouent par ailleurs un rôle essentiel pour digitaliser et décarboner les bâtiments, améliorer la flexibilité des consommations industrielles, bâtir des réseaux « multi-énergies » décarbonés ou encore donner des outils aux consommateurs pour mieux maîtriser leur consommation d’énergie. M. Vié a ainsi rappelé la place centrale des smart grids dans la transition énergétique et appelé à ce que ces propositions soient intégrées aux plans de relance verte français et européens.

 

Accompagner la transition énergétique et la digitalisation des réseaux en Afrique

 

 

Une table ronde « Transition énergétique & réseaux en Afrique », animée par Valérie-Anne Lencznar, DG de Think Smartgrids, a ensuite dressé un état des lieux des réseaux dans les différents pays africains et des prérequis pour développer les coopérations avec les entreprises françaises, avec les éclairages de Wilfrid Lauriano do Rego, Coordinateur du Conseil Présidentiel pour l’Afrique, Moussa Bagayoko (Yélé Consulting), Abel Tella (Association des Sociétés d’électricité d’Afrique) et Astria Fataki (Energy Generation). Le continent africain va en effet connaître une transition énergétique majeure dans les décennies à venir, et développer les énergies renouvelables nécessitera une profonde transformation des réseaux et des mix énergétiques actuels, en passant notamment par le développement de solutions microgrids, du smart metering et de la digitalisation, qui doivent permettre un accès universel à l’énergie.

Cependant, comme le relève Wilfrid Lauriano Do Rego et Abel Tella, bien qu’il y a plusieurs défis communs aux pays africains (déficit de génération et de capacité installée, coût de l’énergie trop élevé, pertes techniques, transport sur de longues distance, nécessité d’un cadre réglementaire stable pour attirer les investisseurs…), il y a des différences notables sur l’avancement des smart grids selon les pays africains et les solutions apportées doivent être adaptées à chaque pays, sans brûler les étapes avec une digitalisation ou une massification des énergies renouvelables trop rapides.

Selon Moussa Bagayoko, réussir des projets de partenariats avec le continent nécessite notamment de s’appuyer sur la diaspora africaine en France, de proposer des projets de démonstrateurs concrets pour démontrer que les solutions sont adaptées au contexte local, mais aussi de connaître l’écosystème smart grid et le contexte réglementaire du pays concerné.

Le transfert de technologies et la formation sont enfin deux enjeux clés, et Atria Fataki, fondratrice de l’organisation pan-africaine Energy Generation, accompagne les jeunes Africains vers l’entrepreneuriat et l’innovation technologique notamment dans l’énergie, mais aussi forme des techniciens et techniciennes à l’installation et à la maintenance des panneaux solaires, dans un partenariat avec EDF qui favorise la formation des jeunes femmes.

 

Les promesses de l’IA pour la décarbonation des réseaux

 

 

Autre enjeu essentiel pour la filière débattu lors d’une table ronde animée par Maïté Jauréguy Naudin (RTE) : intégrer l’Intelligence artificielle (IA) aux réseaux pour relever certains des défis liés au changement climatique. Jean-Philippe Poirrier, chef du département Industrialisation des solutions Smart grids d’Enedis, a ainsi expliqué comment les gestionnaires de réseaux utilisaient l’IA pour décarboner les réseaux et les rendre plus résilients face au changement climatique : nouveaux outils statistiques, « maintenance prédictive » et détection améliorée des anomalies, aide à la décision ou encore optimisation des investissements… L’IA occupe aujourd’hui une place centrale dans les activités d’Enedis.

Le financement de ces solutions IA innovantes est un autre enjeu clé. Victoria McIvor, investment analyst chez Set Ventures, un fonds spécialisé dans la transition énergétique et digitale, explique se concentrer sur le potentiel d’industrialisation du projet, la valeur ajoutée de la solution pour le secteur de l’énergie et son impact potentiel sur le marché. Les nouvelles capacités de prévision offertes grâce à l’IA est un aspect qui intéresse particulièrement les investisseurs.

Mehdi Chouiten, fondateur de Datategy, insiste cependant sur l’importance de mener en amont une analyse du cycle de vie de ces solutions, afin de garantir leur réel impact positif pour le climat. Datategy conçoit ainsi des solutions IA « green by design », en suivant plusieurs règles d’or : s’assurer que les données ne soient pas répliquées et stockées en de multiples emplacements, avoir recours à des services mutualisés (type « data lake »), « nettoyer » les algorithmes pour prévenir l’inflation des données non pertinentes, développer des plateformes et des datacenters plus sobres en énergie…

Enfin, Carine Pégouret, qui a rédigé avec sa collègue Mélanie Flament une étude sur les stratégies collectives à développer entre les acteurs de l’IA et ceux de l’énergie, pointe l’importance des coopérations au niveau français comme européen pour réussir à se positionner sur un marché international de plus en plus concurrentiel, afin de permettre aux entreprises françaises d’exporter leurs solutions.

 

Soutenir l’innovation et les jeunes chercheurs

 

 

Le prix de la thèse décerné par le Conseil scientifique de Think Smartgrids, présidé par Nouredine Hadjsaid (GrenobleINP) et Pierre Mallet (Enedis), a ensuite été remis à quatre jeunes docteurs pour les apports de leurs travaux aux réseaux électriques intelligents et à la transition énergétique

Audrey Moulichon (Université Grenoble-Alpes / G2Elab et Gipsa-lab) a été récompensée pour la conception d’un système de « générateur synchrone virtuel » permettant de stabiliser des micro-réseaux électriques qui intègrent une part élevée d’énergie renouvelable (EnR). Simon Camal (Mines Paris Tech), prix masculin, a démontré la capacité des EnR à contribuer aux « services systèmes », ces réserves de puissance activables à la hausse ou à la baisse pour assurer l’équilibre de l’ensemble du réseau, auxquels seuls les moyens de production d’énergie dit « pilotables » pouvaient participer jusqu’alors.

Barnabé Potel (G2Elab), « coup de cœur » du jury, a mené des travaux sur l’évolution du mécanisme de délestage fréquence-métrique, qui a pour but de maintenir l’équilibre entre production et consommation en déconnectant momentanément une charge. Enfin, Ferréol Binot (CentraleSupélec, GEEPS), second « coup de cœur », a développé un double estimateur d’état et de paramètres pour les réseaux de distribution électrique, afin d’en optimiser la gestion des usages, de faciliter l’identification des incidents et de pouvoir utiliser le réseau au plus proche de ses limites physiques pour limiter le besoin de le renforcer en déployant de nouvelles capacités de production.

Une récompense de 2000€ pour les prix masculin et féminin et de 1000€ pour les deux prix « coups de cœur » sera versée aux jeunes chercheurs, financée par RTE, Enedis et EDF, membres de Think Smartgrids.

 

Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis et de Think Smartgrids, a conclu cette journée en se félicitant que l’association ait su saisir le tournant du numérique pour proposer de nombreux événements digitaux, développer de nouveaux partenariats internationaux et garantir l’activité de ses commissions et groupes de travail qui tissent des liens entre les différents acteurs de la filière.

 

Voir la présentation du plan de relance en replay (à partir de 8’50)Voir les deux tables ronde en replay