Près de 5 ans après son lancement, le projet Smart Grid Vendée, s’est achevé officiellement le 15 septembre 2018. Mené par le Sydev et doté d’un budget de 28 millions d‘euros, dont 9,5 millions d‘euros par l‘Ademe dans le cadre des Investissements d‘avenir, le projet Smart Grid Vendée figure parmi les plus importants démonstrateurs en Europe.
Cérémonie de clôture du démonstrateur – Crédits : Think Smartgrids
L’objectif de Smart Grid Vendée était « de tester les nouveaux concepts associés à une optimisation des réseaux publics de distribution, concertée et partagée par l’ensemble des parties prenantes du système électrique ». Smart Grid Vendée visait « à montrer la pertinence et la viabilité de nouveaux modèles d’affaires en prenant en compte les aspects techniques, économiques et sociétaux ». L’optimisation aux échelles régionale et locale nécessitait « une coordination renforcée en amont (planification, gestion prévisionnelle) et en temps réel entre les acteurs, basée sur de nouvelles interfaces et de nouveaux systèmes d’information et de calculs ».
Piloté par le Sydev (syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée) le consortium associait depuis l’origine Enedis, RTE, Engie Ineo, Legrand, Actility, General Electric et le Cnam (Conservatoire national des arts et métiers).
Les partenaires du projet ont installé des capteurs, développé une architecture numérique dédiée, conçu une plate-forme d’agrégation de données, piloté les équipements à distance via des actionneurs et au final connecté 40 commandes d’éclairage public, 120 bâtiments publics, 7 usines de production d’eau potable, 4 parcs éoliens, 37 centrales photovoltaïques. En parallèle de l’expérimentation, 66 ingénieurs en génie électrique recevaient une formation « Smart Grid » en apprentissage à la Roche-sur-Yon.
Les partenaires du projet étaient réunis aux Sables-d’Olonne le 7 septembre pour dresser le bilan de ce réseau électrique intelligent à l’échelle du département. Ils avaient scénarisé ce bilan sous la forme théâtrale d’un procès. Tour à tour, les professionnels et les responsables furent appelés à la barre de ce procès fictif pour présenter les enseignements de l’expérimentation.
Expérimenter la flexibilité à grande échelle
Le dispositif a permis de connaître en temps réel les consommations énergétiques du territoire et les productions locales d’énergies renouvelables, d’intégrer ces dernières dans les réseaux grâce aux données collectées. Pour Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis, ce démonstrateur « a fourni des livrables, tels que des logiciels de régulation automatique de tension sur les réseaux, qui devraient être maintenant déployés au niveau national ». Pour Jean-Sébastien Dunand, d’Engie Ineo, « ce démonstrateur nous a permis de développer une fonctionnalité inédite sur notre solution Smart‘éo, conçue pour piloter des capteurs capables de suivre le rendement d‘une station photovoltaïque, des armoires d‘éclairage public et le monitoring d‘une installation industrielle. En l‘occurrence, celle–ci permet d‘analyser et d‘agir directement sur le pilotage de bâtiments publics ou de réverbères, en cas de contrainte sur le réseau pour satisfaire aux conditions de l‘effacement ».
Acceptabilité sociale
Au-delà des seules expérimentations techniques, une équipe de chercheurs du CNAM avaient été mandatés pour étudier l’acceptabilité sociale de la démarche Smart Grids auprès des élus, des gestionnaires de bâtiments publics et de leurs usagers. Il s’agissait, notamment, comprendre dans quelle mesure les contraintes d’effacement pouvaient entraîner des rejets. « Si les effacements de chauffage et d‘eau chaude sanitaire – c‘est–à–dire le report ou le décalage des consommations – ont été généralement peu perçus, les usagers sont avant tout sensibles à la maîtrise des consommations, le plus souvent liées au confort thermique des bâtiments et à la performance des installations » concluent les chercheurs du CNAM. « Nos concitoyens n’ont aucune notion de ce qu’est le Smart Grid, ni de ce qu’on était en train de faire avec Smart Grid Vendée… Nous avons un travail d’accompagnement à faire pour que les gens s’approprient mieux les solutions » concèdent les responsables du SyDEV.
La plupart des équipements déployés devraient néanmoins rester opérationnels. Des tests vont en effet se poursuivre sur le territoire vendéen dans le cadre de Smile, au travers duquel, les enseignements de Smart Grid Vendée serviront à plus grande échelle jusqu’en 2020.
Enedis inaugurait d’ailleurs, il y a quelques mois en Vendée, ses premières offres de raccordement intelligent (ORI) : celles-ci garantissent un raccordement plus rapide et économique de sites de production d’énergies renouvelables sur le réseau, en échange de limitations temporaires de production.
ITEMS International pour Think Smartgrids