Soucieux de « découvrir ce qui rend un réseau intelligent et de mesurer cette intelligence », SP Group (anciennement Singapore Power), l’unique distributeur d’électricité à Singapour, avait entrepris en 2018 de réaliser un benchmark de la transformation des gestionnaires de réseaux dans le monde. L’édition 2019 révèle notamment une forte remontée du score des gestionnaires de réseaux de la zone Asie-Pacifique, qui rattrapent leur retard sur leurs homologues européens et nord-américains. Enedis opère également une forte progression et vient se classer 13e sur 75 GRD évalués.
« L’intégration croissante des EnR dans les réseaux de transport et de distribution présente de nouveaux défis pour leurs gestionnaires, car les réseaux conventionnels n’ont pas été conçus pour gérer le flux d’énergie bidirectionnel ni l’intégration de sources d’énergie intermittentes. Ces défis les contraignent à transformer leurs réseaux existants en réseaux intelligents. Traditionnellement, l’indice de durée moyenne d’interruption du réseau (SAIDI) et l’indice de fréquence moyenne d’interruption du réseau (SAIFI) étaient utilisés comme indicateurs clés de performance. Il ne s’agit plus seulement d’assurer la fiabilité de l’approvisionnement mais d’intégrer des EnR, d’améliorer la résilience du réseau aux cyber-menaces, de prendre en charge des actifs derrière le compteur et d’autoriser des flux d’énergie multidirectionnels. Les indices de fiabilité ne suffisent plus à eux seuls à mesurer la performance et les capacités du réseau, expliquent les concepteurs du Smart Grid Index.
Le benchmark mis au point par SP Group prend en compte sept critères :
- Suivi et contrôle
- Analyse des données
- Fiabilité de l’approvisionnement
- Intégration EnR
- Énergie verte
- Sécurité
- Autonomisation et satisfaction du client
A partir des informations publiées par les gestionnaires de réseaux, le Smart Grid Index examine les indicateurs indirects de chaque critère et recense les meilleures pratiques de 75 gestionnaires de réseaux dans le monde.
Les 75 opérateurs (dont 26 en Asie, 23 en Europe, 24 en Amérique du Nord) ont été choisis en raison de leur engagement dans le développement des Smart Grids et de la disponibilité des données publiées.
La plupart des gestionnaires de réseaux étudiés, concluent les auteurs, « sont performants dans les domaines de la surveillance et du contrôle, de la fiabilité de l’approvisionnement, de la responsabilisation et de la satisfaction des clients ». ils disposent d’un système de gestion des pannes (OMS), d’un système de localisation des pannes et de rétablissement de l’approvisionnement (FLISR), d’un système de gestion de la distribution (DMS) ou d’un système avancé de gestion de la distribution (ADMS) pour gérer efficacement leur réseau.
« Beaucoup d’entre eux ont une grande fiabilité, avec un SAIDI (somme des durées totales d’interruption divisée par le nombre de clients) de moins de 10 minutes. Quelques-uns ont même un SAIDI de moins d’une minute (…) Bon nombre d’entre eux ont déployé des technologies de comptage et fournissent à leurs clients des données en temps réel sur la consommation d’énergie et des signaux tarifaires ».
Le Smart grid Index met en lumière, selon ses concepteurs, que « les gestionnaires de réseaux sont moins avancés dans les quatre autres critères : analyse des données, intégration des EnR, énergie verte et sécurité ». Les gestionnaires de réseaux nord-américains et européens obtiennent cependant de meilleurs résultats sur ces quatre critères. « Ils ont dû faire face aux défis des technologies disruptives plus tôt que leurs homologues de la région Asie-Pacifique… qui rattraperont probablement leur retard dans ces domaines au fur et à mesure qu’ils seront confrontés à des défis similaires ».
Les gestionnaires de réseaux nord-américains obtiennent une note moyenne de 73 %, supérieure à celle de leurs homologues européens (69 %) ou de la zone Asie-Pacfique (59 %).
A noter que le Smart Grid Index classe SP Group au 33e rang des 75 acteurs étudiés.
Le score d’Enedis (75 %) l’unique acteur français pris en compte par l’index, est supérieur à la moyenne européenne (69 %). Il a progressé de 17 points entre les éditions 2 018 et 2 019 de l’index.
« La méthodologie d’évaluation du Smart grid Index devra évoluer avec le temps », reconnaissent ses auteurs, « et adopter de nouveaux critères pour suivre l’évolution et l’adoption des nouvelles technologies, comme, par exemple, les systèmes de gestion des ressources énergétiques distribuées (DERMS) ».
https://www.spgroup.com.sg/what-we-do/smart-grid-index