Lors de sa cérémonie des vœux du 16 janvier, Think Smartgrids remettait le Prix de la thèse à deux doctorants talentueux, Etta Grover-Silva (Mines ParisTech) et Olivier Arguence (G2Elab), pour la qualité de leurs travaux et leur valeur ajoutée pour les smart grids et la transition énergétique.
Chaque année, le Conseil Scientifique de l’association Think Smartgrids, présidé par Nouredine Hadjsaid (Grenoble INP), récompense par un prix deux innovations technologiques ou avancées scientifiques remarquables pour les réseaux électriques intelligents, dans une perspective de développement durable.
La thèse d’Etta Grover-Silva, effectuée au centre PERSEE de Mines ParisTech et intitulée « Optimisation de l’intégration de la production photovoltaïque et des unités de stockage afférentes », portait sur la recherche de solutions aux défis technico-économiques posés par la mutation profonde des modes de production et de consommation d’énergie : l’intégration massive de productions décentralisées et variables, les nouveaux usages et modes de consommation de l’énergie, ou encore la dérégulation du marché de l’électricité requièrent un changement de paradigme dans la gestion et la planification des réseaux. Piloter plus finement les nouvelles sources de flexibilité et traiter correctement les incertitudes associées, grâce à une visibilité et une contrôlabilité accrues du réseau, devient primordial pour la sécurité des réseaux.
La thèse d’Etta Grover-Silva explore plusieurs solutions basées sur des algorithmes d’optimisation. Rapides, robustes et modulaires, ces derniers contribuent à bâtir un réseau intelligent, capable de faire face à une variété de contraintes (i.e. dimensionnement et localisation du stockage, estimation des besoins en flexibilité pour gérer les problèmes de congestion du réseau, gestion des micro-réseaux, etc.), en apportant des solutions optimisées à l’ensemble des acteurs (opérateurs du réseau, décideurs politiques, particuliers, entreprises, collectivités, etc.).
Ces algorithmes doivent permettre d’optimiser l’emplacement et le dimensionnement des batteries, mais aussi des stratégies de gestion de la demande et d’opération de flexibilité du réseau. Enfin, ils seront utiles pour étudier l’impact des différents scénarios de pénétration des énergies renouvelables sur les réseaux existants. L’automatisation et la visibilité du réseau intelligent sont deux enjeux cruciaux pour réussir la transition énergétique.
Les travaux d’Olivier Arguence, menés au Laboratoire de Génie Electrique de Grenoble (G2Elab), portaient sur la « Modélisation des ilotage non-intentionnels et les méthodes passives de détection ». Ils ont permis l’amélioration de la détection des phénomènes d’ilotage non-intentionnels, en contribuant à améliorer le plan de protection d’Enedis. Cela a été rendu possible par la mise en place d’une quantification de l’efficacité des nouvelles protections en ROCOF (ou dérivée de fréquence), afin de permettre une sélection optimale des paramètres de protection adéquats.
Les travaux ont aussi démontré la nécessité de bien calibrer la dynamique de mesure du ROCOF dans les protections, afin de s’assurer de leur bon fonctionnement. La thèse propose d’amender la norme internationale IEC 60255-181 pour permettre de quantifier la dynamique des protections en fréquence et en ROCOF. Enfin, les travaux ont permis d’améliorer la modélisation des réseaux ilotés (microgrids), avec une réflexion globale sur le choix optimal du modèle de charge, mais aussi en vérifiant la conformité des modèles aux mesures expérimentales réalisées pour la thèse.
La thèse d’Olivier Arguence devrait apporter une aide précieuse aux défis techniques que représente l’intégration massive des énergies renouvelables : d’une part, en améliorant la détection des ilotages intempestifs dont le risque croît avec la multiplication des productions décentralisées, et d’autre part, en contribuant au bon réglage de la dynamique des régulations en puissances, au regard du compromis à trouver entre l’impératif de sécurité du réseau de distribution (demandant des régulations lentes) et l’impératif de stabilité du système (demandant une régulation rapide). Ces régulations joueront un rôle primordial dans le bon fonctionnement des réseaux à faible inertie.
A travers son Conseil scientifique et sa Commission formation, Think Smartgrids continue de soutenir et de valoriser la recherche au service des réseaux électriques intelligents.
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