La Linux Foundation Energy (LF Energy) joue un rôle de premier plan dans le développement de technologies open source « pour accélérer la transformation numérique du secteur ».
RTE est, avec l’université américaine Vanderbilt, l’Electric Power Research Institute (EPRI) et Entso-e (qui réunit les gestionnaires de réseaux de transport d’électricité européens) à l’origine de cette fondation. Celle-ci compte désormais parmi ses membres des gestionnaires de réseaux (Alliander, Tennet, Statnett), des industriels (GE Renewables, OSIsoft), des universités et centres de recherche (Fraunhofer, RWTH Aachen University, Sony Computer Science Laboratories, Electric Power Research Institute, Vanderbilt, EPFL, Stanford, Delft), et plusieurs consortiums (OpenADR Alliance, FIWARE Foundation, Energy Foundation).
« L’open source doit être vu comme un accélérateur »
Lucien Balea, directeur de programme de R&D et responsable open-source chez RTE préside le conseil d’administration de LF Energy. Pour Lucien Balea, « l’open source doit être vu comme un accélérateur. C’est la leçon que nous avons tirée de l’expérience d’autres industries … L’open source est un levier d’accélération pour la transition énergétique. Si nous regardons les projets que nous avons, ils sont tous guidés par la nécessité de s’adapter à un futur système énergétique qui devra faire face à une part élevée de ressources énergétiques renouvelables distribuées… Nous travaillons à des applications qui aideraient les gestionnaires de réseau dans les salles de contrôle à gérer le système électrique en temps réel. Qui nous aident à simuler le comportement du système électrique pour nous assurer que nous pouvons opérer dans des conditions sûres. Qui automatisent le réseau électrique afin qu’il puisse réagir automatiquement de manière optimisée ».
Le portefeuille de projets de la LF Energy s’est considérablement élargi depuis 2019, avec une série de nouvelles initiatives :
Le projet SOGNO (Service-based Open-source Grid Automation Platform for Network Operation of the future) a pour objet la création de microservices plug-and-play, pensés pour le cloud « pour mettre en œuvre la prochaine génération de systèmes de surveillance et de contrôle basés sur les données … Les outils d’automatisation des réseaux actuels sont souvent construits de manière monolithique et ne peuvent pas être étendus facilement : ils ne permettent pas aux opérateurs d’utiliser les meilleures solutions auprès de plusieurs fournisseurs » explique la LF Energy ». L’approche SOGNO avait initialement été développée dans le cadre du projet européen SOGNO, coordonné par Ericsson.
Le projet PSNO (Power System Network Operations) se propose de définir une stratégie et une approche open-source pour la « salle de contrôle du futur ». «En renommant ainsi la salle de contrôle, nous admettons qu’il n’y aura peut-être pas de « salle de contrôle » du tout et que le « contrôle »peut ne pas être l’outil de gestion dominant que l’opérateur utilisera pour assurer la stabilité, la sécurité et la fiabilité des systèmes électriques » explique Sheli Goodman, la directrice de la LF Energy. « Nous sommes au début d’un grand changement de paradigme ». Les contributions initiales comprennent une multitude de nouveaux projets logiciels open source pour les prévisions à court terme, la gestion de la congestion, la modélisation du système électrique et son automatisation, la gestion du modèle de réseau. « La gouvernance et la participation du projet seront ouvertes à tous une fois qu’une base de code aura été rendue publique ».
La Linux Fondation avait lancé en novembre 2020 le projet openLEADR qui vise à créer une implémentation open source pour OpenADR, un protocole ouvert pour d’échange d’informations permettant la mise en œuvre d’effacements de consommation via un mécanisme de demande-réponse. « Les distributeurs du monde entier ont mis en œuvre leurs propres versions d’OpenAdr et cela crée une dette technique considérable. Une mise en œuvre commune d’OpenADR permettra aux organisations de se concentrer sur les aspects les plus complexes de la flexibilité et de la réponse à la demande » explique Sheli Goodman, directrice exécutive de LF Energy.
La LF Energy s’était attaqué, en juillet 2020, avec GE et Scheider Electric, à l’automatisation du poste électriques (DSAS, Digital Substation Automation Systems) afin de renforcer la modularité, l’interopérabilité et l’extensibilité des réseaux électriques et accélérer l’effort mondial en vue de la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Des principes directeurs d’architecture
La Fondation a rendu publique en juin 2021 une première version de quatre principes directeurs (LF Energy Architecture Principles) destinés à « guider l’évolution et la croissance de la communauté technique au fil du temps » au sein de LF Energy : « Interopérabilité par défaut, résilience dès la conception, Simplifier dès la conception, Sécurité et sûreté dès la conception ». Benoît Jeanson de RTE figure parmi les dix auteurs de ce document de référence.
La LF Energy fait partie de la Linux Foundation, qui accompagne plus de 425 projets open source dans de nombreux domaines.
Sources
- La Fondation LF Energy
- Le portefeuille de projets
- LF Energy Architecture Principles:
- Le wiki de LF Energy
- Open-Source Technology Benefits Transmission and Distribution Operators
Voir aussi
RTE s’allie à la Fondation Linux pour développer les Smart Grids en Open Source