Alors que les émissions dues à la combustion d’énergie fossile et aux procédés industriels représentent près de 85 % des émissions de CO2 dans le monde, électrifier les usages est une priorité pour atteindre la neutralité carbone, en parallèle des mesures de sobriété et d’efficacité énergétique. Think smartgrids publie un manifeste pour une nouvelle « révolution électrique », au service de la décarbonation. Une véritable révolution est en effet nécessaire pour accomplir une transformation d’une ampleur et d’une rapidité sans précédent de nos systèmes énergétiques.
Les auteurs rappellent que même avec des mesures fortes de sobriété et d’efficacité énergétiques, la production d’électricité devra s’accroître fortement dans les décennies à venir, en déployant des moyens de production décarbonés, qu’ils soient nucléaires ou renouvelables. Si la stratégie nationale bas carbone (SNBC) prévoit bien une baisse de 40% de la consommation d’énergie finale de la France à horizon 30 ans, les gestionnaires de réseau français RTE et Enedis tablent ainsi sur une croissance d’au moins 30% de la consommation électrique nationale d’ici à 2050. L’électrification des usages de l’énergie concernera avant tout les trois principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, à savoir le transport (environ 30% des émissions), le bâtiment (23%) et l’industrie (25%).
Une articulation cohérente entre cette électrification et le déploiement des énergies renouvelables suppose aussi un recours généralisé aux nouvelles technologies de l’énergie et du numérique pour une gestion plus fine et une optimisation des flux d’électricité, qui doit garantir la « flexibilité » nécessaire au bon fonctionnement et à la résilience du système électrique.
Les recommandations détaillées dans le document recouvrent notamment :
- Le déploiement massif des pompes à chaleur pour décarboner notamment les bâtiments ;
- L’électrification des processus thermiques et autres processus utilisant des énergies fossiles dans l’industrie ;
- Le développement du pilotage de la recharge des véhicules électriques pour assurer leur bonne intégration au réseau électrique et une stratégie ambitieuse concernant la durabilité et le recyclage des batteries ;
- Le développement et le déploiement d’outils numériques pour moduler en temps réel la production et la consommation d’électricité, et ainsi garantir l’équilibre futur du réseau ;
- La normalisation et l’interopérabilité des outils et des formats de données
- Le besoin en R&D et R&I, ainsi qu’une meilleure coordination entre acteurs académiques industriels, pour progresser notamment sur la flexibilité et sur l’électronique de puissance, toutes deux essentielles pour réussir le pari de l’électrification.
- Le besoin en investissements, d’une part pour soutenir l’innovation et la recherche, d’autre part pour soutenir le développement et la nécessaire adaptation du réseau électrique, colonne vertébrale de la transition énergétique.
Pour Think Smartgrids, investir dans de nouvelles solutions numériques pour permettre notamment le pilotage flexible de la production d’électricité, de sa consommation et de son stockage, ainsi que des réseaux électriques en eux-mêmes sera essentiel pour réussir la transition énergétique et garantir la résilience des réseaux électriques. Cette révolution électrique pour décarboner notre mix énergétique sera associée à de multiples externalités positives, comme la création d’emplois dans nos industries, la réduction des dépenses énergétiques des ménages et des entreprises, ou encore une plus grande indépendance énergétique de la France.
Le document a été rédigé sous la direction du Conseil scientifique de Think Smartgrids, présidé par Nourédine Hadjsaid (Université Grenoble Alpes).
Les auteurs : Olivier DEVAUX, Marc PETIT, Christophe CROCOMBETTE, Michel BENA, Georges KARINIOTAKIS, Stéphane ROBIN, Pierre MALLET.