La métropole du Grand Paris a vu le jour le 1er janvier 2016 : 131 communes pour plus de 6,7 millions d’habitants. Les 209 conseillers métropolitains et l’exécutif élu le 22 janvier engageront dans les prochains mois l’élaboration du plan climat air-énergie territorial. Ils devront aussi s’atteler à la mise en cohérence des réseaux de distribution : électricité, de gaz, de chaleur et de froid. Les technologies Smart Grids joueront un rôle majeur dans cette dynamique.
Dès 2012, un séminaire de la Préfecture d’Île-de-France alertait : « 16 000 MW de puissance électrique annuelle sont nécessaires aux usages franciliens. En 2030, ces besoins auront augmenté de 25 %. ». Ces 4 000 MW supplémentaires sont principalement dus au Grand Paris Express et à ses 72 gares, à la construction de 800 000 nouveaux bureaux et logements, au développement des data centers, à l’arrivée des véhicules électriques et notamment 10 000 bus, bennes à ordures et camions, qui représenteront 500 MW. « Les producteurs devront ainsi garantir à tout moment ces 4 000 mégawatts supplémentaires, sachant qu’aujourd’hui la puissance appelée aux heures de pointe en hiver représente 13 000 MW ». Cette demande supplémentaire représente la puissance maximale pouvant être délivrée par 2,5 tranches d’une centrale nucléaire comme Flamanville (1 800 MW), 13 centrales à gaz (300 MW) ou encore 2 000 éoliennes de 2 MW.
Selon ERDF, « il va falloir étendre et renforcer le réseau électrique, mais aussi le moderniser en y mettant de l’intelligence et davantage d’efficacité. De la production intermittente va apparaître avec les énergies renouvelables et il faudra la stocker dans des batteries. Le réseau devra avoir l’intelligence de choisir entre l’électricité produite et celle stockée[1] ».
Boucle énergétique et Grid dans le cadre du réseau de transport Grand Paris Express
La Société du Grand Paris, l’établissement public chargé de concevoir et construire le réseau de transport Grand Paris Express, travaille à la mise en place d’une boucle énergétique locale pour valoriser l’énergie géothermique et les déperditions thermiques des gares. En octobre 2013, Elle a ainsi signé un accord avec l’institut Efficacity, pour étudier le potentiel géothermique de cinq quartiers de gare et mettre en relation l’énergie récupérée avec les besoins du quartier. Outre le recours à la géothermie et aux parois thermoactives moulées, cette stratégie implique la mise en œuvre d’un Smart Grid, capable d’adapter en temps réel l’offre et la demande énergétique[2].
Live Grid
Le campus Paris-Saclay, qui regroupe 80 000 enseignants, étudiants et chercheurs, prévoit le développement d’un Smart Grid multi-énergies[3] dans le cadre du projet LiveGrid. A l’heure actuelle, trois grands sous projets sont en cours de conception : un projet de microgrid, un projet de bâtiments intelligents et un projet de simulation du comportement d’un Smart Grids. Différentes solutions techniques sont à l’étude dont un réseau intelligent de chaleur et de froid à basse température utilisant la géothermie profonde et la mise en réseau intelligente de deux bâtiments aux caractéristiques distinctes, l’un moderne et bien isolé, l’autre plus ancien et à forte déperdition thermique.
Data City : un laboratoire de la Smart City
La Ville de Paris, pour sa part, envisage de transformer la capitale en terrain d’expérimentation de nouvelles solutions urbaines. En association avec l’incubateur de startups Numa et plusieurs partenaires industriels (Vinci Energies, Setec, Suez Consulting, Nexity et Cisco), elle a lancé début janvier Data City, un programme d’innovation ouverte organisé autour de neuf challenges. Parmi lesquels « la mutualisation des flux énergétiques pour concevoir des îlots à énergie positive et à bilan carbone minimum » et «l’évolution des comportements en matière de consommation énergétique ». Cinq projets seront sélectionnés fin février pour la première édition du programme. Ils seront testés en condition réelle au Stade de France, Place de la Nation ou dans des mairies d’arrondissement[4].
IssyGrid
La ville d’Issy les Moulineaux a lancé des 2011 un réseau énergétique de quartier intelligent. IssyGrid connecte aujourd’hui plus d’une centaine de logements, trois bâtiments tertiaires, une dizaine de véhicules électriques et les lampadaires intelligents de deux rues du quartier. Le projet Issy Grid réunit 8 partenaires industriels (Bouygues Immobilier, Bouygues Telecom, GE Grid Solutions, ERDF, EDF, Microsoft, Schneider Electric, Total) et plusieurs startups, dont Embix, Ijenko et Navidis[5].
Quatre lauréats de l’appel à projets “démonstrateurs industriels pour la ville durable”
Les ministères en charge de l’écologie et de l’urbanisme avaient lancé en octobre 2015 l’appel à projets « démonstrateurs industriels pour la ville durable ». Cet appel à projet prolongeait plusieurs programmes destinés à « expérimenter de nouveaux modes de conception et de gestion des projets urbains » : les programmes « ville de demain » et « ville durable et solidaire » (dans le cadre des Investissements d’avenir), les labels « écoquartier » et « écocités », les « projets territoriaux intégrés » et les « territoires à énergie positive pour la croissance verte » (TEPCV).
Parmi les 11 lauréats de l’appel à projets « Démonstrateurs industriels pour la ville durable », quatre sont basés en Île de France : le Démonstrateur industriel de Paris Saclay, le projet « Rêve de scènes urbaines » à Plaine Commune, le projet de « Relais des possibles » à Fontainebleau-Avon, le projet LiFi (Light Fidelity) à Palaiseau[6].
ITEMS International pour Think Smartgrids
Crédit photo : David Harmantas sur Flickr en CC
[1] http://gpmetropole.fr/blog/les-gares-du-grand-paris-express-seront-pleines-denergie/
[2] http://www.societedugrandparis.fr/wp-content/uploads/2015/11/sgp_livretvert_128x210_25_cc2.pdf
[4] http://www.datacity.paris/
[6] http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-appel-a-projet-demonstrateurs.html