La Blockchain est aujourd’hui présentée par de nombreux observateurs comme une des ruptures technologiques majeures de notre début de siècle. La technologie est apparue en 2009 avec le Bitcoin. Cette monnaie virtuelle a étonné les analystes de tous bords pour avoir créé une nouvelle devise hors du contrôle des Etats et sans aucun recours aux institutions financières traditionnelles. Fort de ce constat, la technologie Blockchain est maintenant perçue de manière croissante comme un moyen de révolutionner de nombreux secteurs, à commencer par celui de l’énergie.
Une chaine de porte-clés Bitcoin – Crédit photo : BTCkeychain en CC
Une Blockchain, ou chaîne de blocs, est un registre distribué sur un nombre important d’ordinateurs au travers d’un réseau pair à pair. Elle exploite des techniques de cryptologie avancées qui lui confère la propriété d’être impiratable et infalsifiable. La publicité des transactions effectuées entre les utilisateurs d’une Blockchain permet à tout un chacun d’en vérifier la validité.
Cette technologie combine trois caractéristiques fondamentales :
- Elle fonctionne sans intermédiaire (ce qui permet de réduire les frais de gestion).
- Elle garantit un haut niveau de sécurité grâce à une architecture pair à pair (un grand nombre de nœuds, en lieu et place d’un seul serveur).
- Les données sont publiques et anonymes.
Les capacités de la Blockchain pourraient, entre autres, accélérer le développement de l’Internet des Objets, en conférant aux objets la capacité de participer directement aux transactions. Dans cette approche, les objets seraient dotés de leur propre capacité de paiement. Ils pourraient entrer dans des mécanismes de vérification, voire de créer eux-mêmes leurs contrats de transactions.
La Blockchain suscite naturellement un Intérêt croissant dans le monde de l’énergie. Les premières expérimentations ont été initiées par des startups et concernaient essentiellement des systèmes locaux d’échange d’énergie solaire. Les industriels n’ont pas tardé à percevoir les potentialités de cette technologie et de lancer leurs propres initiatives.
Les expérimentations en cours chez Engie, Bouygues Immobilier et GE
Engie expérimente deux types de Blockchain dans le cadre du projet européen Smart Energy Aware System (SEAS). Selon Raphaël Schoentgen, directeur de la recherche et technologie, Engie travaille avec les collectivités « pour leur permettre de comprendre ce qui se passe sur le réseau électrique. Par exemple repérer là où il y a un flux important d’électricité, pour augmenter la capacité de la ligne. La Blockchain permet d’enregistrer les informations pour que tout le monde y ait accès sans risques d’erreurs ». Engie expérimente également, dans l’Yonne, une infrastructure Blockchain sur un réseau de compteurs d’eau connectés.
Bouygues Immobilier, de son côté, explore l’échange pair à pair d’énergie solaire à l’échelle d’un quartier. Selon Olivier Sellès, responsable innovation énergie et Smart Grids chez Bouygues Immobilier, « il existe des procédés fournissant la proportion d’énergie verte dans l’électricité livrée au consommateur, mais rien jusqu’ici pour en identifier l’origine de production. » A cette fin, le groupe s’appuie sur l’expertise des startups Energisme et Stratumn. Le déploiement d’un pilote est annoncé en 2017 dans un immeuble du quartier de Lyon Confluence. Si le test se révèle concluant, le système pourrait être étendu à d’autres éco quartiers en France.
Un des cinq défis du concours Digital Industry, organisé en septembre dernier par GE Digital, l’entité de GE dédiée aux solutions logicielles et à l’analyse de données, portait sur la conception d’un « système local et pair à pair d’échange d’électricité à base de blockchains ». « Le défi consiste à explorer l’application des blockchains afin de permettre aux consommateurs-producteurs qui ont investi dans la production d’énergie renouvelable (tel que les toits solaires) de revendre à leurs voisins ou à l’échelle d’un quartier, leurs capacités excédentaires, sans intermédiaire. Pour garantir la sécurité des transactions malgré l’absence de centralisation, il faut maintenir un historique fiable et transparent des transactions ». La société française Evolution Energie a été retenue pour relever ce défi.
ITEMS International pour Think Smartgrids