Après les projets Solenn et Smart Grid Vendée, l’heure est au retour d’expérience pour le projet IssyGrid.
En 2012, la ville d’Issy-les-Moulineaux, associée à une dizaine de grands partenaires (Bouygues Energies & Services, Bouygues Immobilier, Bouygues Telecom, EDF, EMBIX, Enedis, Microsoft, Schneider Electric, Sopra Steria, Total) lançait l’un des premiers démonstrateurs de Smart Grid de France, avec le déploiement de panneaux solaires dans deux écoquartiers, tous deux reliés au même réseau électrique intelligent.
D’abord développé au sein du quartier d’affaires (160 000 m² de bureaux, soit 10 000 employés), le projet est étendu au Fort d’Issy en 2015 (2 000 logements, soit 5 000 habitants). De 2016 à 2017, le projet intègre progressivement la gare Issy RER, les restaurants du quartier, ainsi que l’EFB (École de Formation du Barreau), dotée de 300 m2 de panneaux photovoltaïques sur sa toiture, qui en font un bâtiment autonome en énergie.
Des capteurs connectés ont permis de superviser en permanence la consommation énergétique de ces quartiers. Rapidement, les ingénieurs se sont aperçus que les pics de production n’étaient pas toujours absorbés par la demande locale. Cette production excédentaire a donc été stockée dans des batteries pour être réutilisée au moment où les bâtiments en ont le plus besoin. « Les batteries neuves coûtaient trop cher pour que ce soit rentable », explique Christian Grellier, directeur R&D et open innovation chez Bouygues Immobilier. « Nous avons donc passé un accord avec Renault, qui nous a fourni les batteries de ses véhicules électriques devenues moins performantes ». Malgré des pertes d’énergie, il assure qu’il devient rentable de stocker l’électricité avec des batteries d’occasion. Ainsi, dans certains bâtiments, c’est environ la moitié de la consommation électrique qui a été produite aux moyens d’EnR implantées localement.
L’autre grand volet du projet visait à développer un meilleur suivi de la consommation. Particuliers et entreprises ont eu accès à un tableau de bord détaillant leur consommation, heure par heure, grâce aux informations relevées par des compteurs communicants Linky. Dans ce domaine, IssyGrid avait ouvert la voie en définissant avec la CNIL une procédure afin de garantir aux Isséens que leurs données personnelles ne seraient ni collectées, ni utilisées.
Parmi les enseignements tirés par les partenaires du projet figurent, en premier lieu, une série de défis techniques, comme l’installation de panneaux photovoltaïques et de systèmes de stockage uniques en France, la mise en place d’un poste de distribution nouvelle génération avec des équipements complémentaires pilotables à distance, ou encore l’installation de réverbères connectés dotés de détecteur de présence et programmés pour réduire leur éclairage de 30 % la nuit. Au total, quatorze systèmes d’information et de stockage interconnectés permettent de superviser le flux énergétique du quartier. Les promoteurs du projet ont pu se rendre compte de l’intérêt de développer les smart grids avec le nouveau compteur Linky.
Les partenaires soulignent aussi une méthode de gestion efficace, « basée sur le test & learn ». « IssyGrid nous a permis de prendre conscience qu’il est possible de travailler en bonne intelligence. A l’avenir, nous aborderons ce genre de projets ensemble et non plus seuls ».
Pour faire face aux différents challenges énergétiques, les industriels « ont mis en place de nouvelles solutions techniques ainsi que de nouveaux outils de prévision et de gestion, notamment dans le domaine du photovoltaïque : l’exploitation de l’Ecole Française du Barreau en autoconsommation énergétique a pu être concrétisée grâce à des avancées notables dans le stockage de l’énergie produite. Total a notamment repensé les schémas classiques du photovoltaïque afin d’offrir et un raccordement simple et innovant au réseau interne du bâtiment, une méthode beaucoup plus économique et sans perturbation pour l’activité de l’école ». A l’échelle du quartier, Bouygues Energies & Services a également travaillé à la mise en place d’un éclairage public régulé, avec une gradation la nuit en fonction de l’heure afin d’économiser l’énergie.
IssyGrid® a également marqué l’avènement d’un nouvel acteur de référence, Embix, spécialisée dans les solutions énergétiques pour les smart cities.
IssyGrid® a démontré, selon la mairie d’Issy, « l’efficacité de la mise en œuvre d’un smart grid sur la base d’actifs existants. Désormais l’expérience peut être reproduite à différentes échelles, et avec différents acteurs… Nous souhaitons capitaliser et réutiliser le savoir-faire acquis à Issy-les-Moulineaux pour la conception des futurs quartiers à énergie positive, notamment à « Issy Cœur de Ville » qui sera le 3e écoquartier de la commune après celui du Fort et des Bords-de-Seine, mais aussi à Nanterre où est lancé un écoquartier de 70 000 m² avec un smart grid axé autour de la chaleur ».
Les dix industriels du consortium IssyGrid affichent leur intention de capitaliser et réutiliser le savoir-faire acquis pour la conception de futurs quartiers à énergie positive.
Sources :
Mairie d’Issy : IssyGrid, un succès qui ouvre la voie au modèle français du smart grid
Bouygues : Issygrid passe à l’action !
Items pour Think Smartgrids