L’Europe accuse un retard important dans le secteur de la fabrication de batteries pour véhicules électriques. La moitié de la production mondiale de batteries est réalisée en Chine, l’autre moitié est répartie entre le Japon et la Corée du Sud. Pour tenter de combler ce retard, la Commission européenne a lancé fin 2017 l’European Battery Alliance (EBA).
L’objectif de l’UE est de créer un véritable écosystème autour du stockage, et notamment de la mobilité électrique, en réunissant les savoir-faire européens sur l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries : fabrication des cellules mais également approvisionnement durable en matière première, reconditionnement des batteries usagées, recyclage.
Fin décembre, Paris et Berlin ont signé un accord « stratégique », en coopération avec la Commission européenne.
Côté français, la Direction générale des entreprises a lancé début janvier un appel à manifestation d’intérêt (AMI) afin d’« identifier les entreprises qui pourraient participer, sur le territoire français, à ce premier projet d’envergure concernant la conception et la production en Europe [de batteries], en lien avec des partenaires d’autres États membres ». Il est resté ouvert jusqu’au 31 janvier.
La Commission de régulation de l’énergie, pour sa part vient de lancer un appel à contribution sur le stockage d’électricité. Son but est de « s’assurer que le moindre développement constaté du stockage par batteries résulte de facteurs intrinsèques au marché français actuel, et non pas de barrières réglementaires, tarifaires ou dans les conditions d’accès aux réseaux ». Les contributions sont attendues au plus tard le 28 février.
L’Allemagne s’est de son côté engagée à consacrer 1 milliard d’euros d’ici 2022 pour soutenir la création de fabriques de batteries pour voitures électriques.
Plusieurs projets sont ainsi en passe de voir le jour.
Le projet européen d’usine à batteries le plus avancé est celui d’Accumotive, filiale de Daimler, qui bénéficie d’un investissement de 527 millions de dollars et emploie 1.000 salariés à l’usine de Kamenz (Saxe). Celle-ci devrait commencer à produire d’ici à la fin de l’année sur 80,000 m² les batteries des EV de Mercedes-Benz. Une autre usine est en cours de construction sur le site de Mercedes à Untertürkheim (Bade-Wurtemberg).
À côté d’Accumotive, on voit émerger deux autres « Airbus de la batterie ». Un premier consortium, composé notamment de ABB et Siemens, est porté par la startup Northvolt à Skellefteå, à proximité des gisements de cobalt, graphite, lithium et nickel du nord de la Suède. Northvolt cherche à ériger la plus grande usine de batteries Li-ion d’Europe sur 500.000 m².
De son côté, le projet allemand TerraE, vise les 34 GWh de capacité annuelle à l’horizon plus lointain de 2028. Le projet s’appuie sur « KliB », le réseau de compétences allemand sur les batteries Li-ion, qui regroupe 45 entreprises et institutions. La société fonctionnera avec deux usines qui agiront comme des « fonderies » : elle fabriquera des produits à façon, en fonction des spécifications des clients.
Côté recherche, le 24 janvier 2019, un appel à projets sur les batteries de nouvelle génération a également été ouvert par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020 avec un budget total de 114 millions d’euros pour financer des projets dans sept aspects techniques liés aux batteries. Elle attend de ces projets qu’ils « intègrent des sources d’énergie renouvelables, comme l’éolien ou le solaire, dans le réseau électrique ».
ITEMS International pour Think Smartgrids