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Quelles compétences pour les réseaux électriques de demain ?


Publié le 26 Août 2021



Alors que la transition énergétique et la digitalisation des réseaux s’accélère, accompagnés d’une forte croissance de la demande mondiale en électricité, les défis sont grands en termes de recrutement et de formation. A l’occasion de la session du centenaire du CIGRE, Think Smartgrids a organisé le 24 août un webinaire sur le thème des compétences pour les réseaux électriques de demain.

Antoine Belosselsky, de la division Éducation Formation Emploi de l’Agence française de développement (AFD), a partagé le souci croissant du bailleur de fonds public français d’intégrer les questions de compétences dans l’évaluation des projets de transition énergétique à financer. Plusieurs défis RH seront ainsi à relever pour les futurs réseaux électriques : le vieillissement de la main-d’œuvre au sein des gestionnaires de réseau d’électricité, les tensions croissantes sur le marché de l’emploi, les ruptures technologiques qui génèrent des besoins nouveaux en termes d’emplois et de compétences, et enfin, la croissance mondiale de la demande d’électricité, qui devrait perdurer sur plusieurs décennies. L’AFD soutient ainsi la création de nouveaux centres de formation et développe des partenariats académiques pour contribuer au renforcement des compétences, notamment en Afrique.

Les préoccupations de l’AFD sont confirmées par une vaste enquête menée par les acteurs français de la filière électrique, dont Think Smartgrids, pour évaluer les effectifs du secteur électrique en France et ses besoins à l’horizon 2030. Andrea Michiorri, chercheur à MINES ParisTech et président de la commission Formation de Think Smartgrids, a présenté les principaux résultats de l’étude publiée fin 2020 : 23 métiers en tension ont été identifiés, représentant 30% des emplois du secteur électrique. M. Michiorri a souligné le besoin criant d’ingénieurs électriciens, de techniciens de bureau d’études, de responsables techniques d’affaires, ou encore d’analystes de données. La formation professionnelle tout au long de la vie, l’augmentation de l’attractivité du secteur électrique pour recruter de nouveaux talents et l’implication des autorités locales figurent parmi les principales recommandations de l’étude.

En Afrique, où l’on manque d’écoles d’ingénieurs en électronique et électrotechnique, alors que la demande d’électricité est en plein essor, le besoin se fait encore plus ressentir. Mamadou Lamine Doumbia, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, a présenté le travail du CEGEP de Trois-Rivières qui développe un nouveau curriculum sur-mesure pour l’École Supérieure Interafricaine d’Électricité (ESIE). Cette école d’ingénieurs panafricaine, située à Abidjan (Côte d’Ivoire), avait fermé il y a quinze ans, mais l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (APUA-ASEA) est déterminée à la rouvrir avec un nouveau programme de formation qui inclura l’ensemble du secteur électrique et répondra aux nouvelles exigences des réseaux intelligents.

Jean-Luc Roy, Carbon Neutral Leader pour GE Energies Renouvelables et vice-président de la Commission internationale de Think Smartgrids, a par ailleurs évoqué le programme de formation que Think Smartgrids co-construit avec l’ASEA pour améliorer la performance des compagnies d’électricité africaines et le niveau de qualification de leurs ressources humaines. L’enjeu est de taille pour fournir rapidement les compétences nécessaires à la transformation du système électrique en Afrique.

Enfin, Pierre Lescude, Human Ressource Business Partner chez Orange Afrique et Moyen-Orient, a dressé un retour d’expérience sur la stratégie d’Orange MEA pour développer les compétences digitales, condition préalable et essentielle au déploiement de la 5G. Les ingénieurs manquent en effet souvent des connaissances digitales requises, alors que les réseaux d’énergie s’appuient de plus en plus sur l’IA et les technologies IoT. Orange se concentre particulièrement sur le développement des compétences radio, et développe de nouveaux centres de formation pour répondre à la demande.

 

Anticiper les besoins futurs en compétences et le développement de nouveaux métiers liés à la digitalisation des réseaux sera une des conditions essentielles pour réussir la transition énergétique. De nouvelles dynamiques ont été engagées en termes de gestion des ressources humaines et de formation, mais elles doivent aujourd’hui être renforcées, et nécessiteront un pilotage et une planification pour faire coïncider l’offre et la demande d’emplois et de compétences dans chaque territoire. Enfin, ces échanges soulignent aussi le potentiel de création d’emploi lié à la transition énergétique.

 

Pour en savoir plus, regardez le replay en vous inscrivant ici : https://register.gotowebinar.com/recording/78929260010804659