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Investissements record en 2021 dans la transition, les technologies et les startups énergétiques


Publié le 06 Avril 2022



Pour atteindre les objectifs climatiques, l’Agence internationale de l’énergie avait estimé, à l’occasion de la COP 26 qu’il faudra tripler les investissements dans le secteur des énergies d’ici 2030. S’agissant des investissements annuels dans les réseaux électriques, elle estimait qu’ils devraient passer de 260 en 2020 à 820 milliards de dollars d’ici 2030.

Trois rapports (des cabinets Bloomberg-NEF, PWC et Mercom), publiés entre décembre 2021 et janvier 2022, documentent une forte reprise des investissements dans le monde orientés vers la transition énergétique. Après le recul de 2020, lié à la crise sanitaire, ces rapports mettent en relief des investissements record.

Une croissance de 27% de l’investissement mondial dans la transition énergétique

Selon le rapport 2021 Energy Transition Investment Trends du cabinet d’études BloombergNEF (BNEF), les investissements mondiaux dans la transition énergétique ont totalisé 755 milliards de dollars en 2021 : en progression de 27% par rapport à l’année 2020.

Ce rapport prend en compte les investissements des entreprises, des institutions financières, des gouvernements et ceux des utilisateurs finaux dans la transition énergétique bas carbone.

  • Les énergies renouvelables restent le secteur le plus important en termes d’investissement, atteignant un nouveau record de 366 milliards de dollars engagés en 2021, en hausse de 6,5 % par rapport à l’année précédente.
  • Le transport électrifié, qui comprend les dépenses consacrées aux véhicules électriques et aux infrastructures associées, arrive au second rang, avec 273 milliards de dollars investis. Avec la flambée des ventes de véhicules électriques, ce secteur a connu une croissance de 77 % en 2021 et pourrait dépasser les énergies renouvelables en dollars en 2022.
  • L’énergie nucléaire, pour sa part, aurait mobilisé en 2021 des investissements a hauteur de 31 milliards de dollars.
  • La capture et stockage de carbone (CSC) serait le seul secteur a connaitre une baisse (à 2,3 milliards de dollars), bien que de nombreux nouveaux projets aient été annoncés au cours de l’année.

La région Asie-Pacifique aurait concentré, à elle seule, près de la moitié du total mondial des investissements (368 milliards de dollars) : elle enregistre aussi la croissance la plus élevée : 38 % en 2021.

Les investissements dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) ont augmenté de 16 % en 2021, atteignant 236 milliards de dollars, tandis que les Amériques voyaient leurs investissements augmenter de 21 % pour atteindre 150 milliards de dollars.

La Chine reste le premier investisseur dans la transition énergétique, avec 266 milliards de dollars en 2021. Les États-Unis occupaient la deuxième place avec 114 milliards de dollars, l’UE et ses 27 pays-membres totalisant, pour leur part, 154 milliards de dollars. Les pays d’Asie-Pacifique occupent désormais quatre des 10 premières places en termes de niveau d’investissement dans la transition énergétique, l’Inde et la Corée du Sud rejoignant la Chine et le Japon.

Ces estimations prennent en compte les investissements des entreprises, des institutions financières, des gouvernements et des utilisateurs finaux (Ils ne prennent pas en compte le financement en actions des entreprises, via les marchés boursiers ou par des investisseurs privés).

Le New Energy Outlook (NEO) 2021 du BNEF avait défini trois scénarios alternatifs (surnommés vert, rouge et gris) pour atteindre le « zéro émission nette » mondial (Net Zero) d’ici 2050. Selon Bloomberg, pour s’inscrire dans la trajectoire de  l’un des trois scénarios « Net Zero », les niveaux d’investissement devront tripler et atteindre, en moyenne, 2100 milliards de dollars par an entre 2022 et 2025, puis doubler à nouveau, pour atteindre une moyenne de 4200 milliards de dollars entre 2026 et 2030.

Forte croissance des investissements en capital-risque dans les technologies climatiques

Dans une perspective plus financière, centrée sur les investissements des acteurs du capital-risque, l’édition 2021 du State of Climate Tech, publié par la société PwC, évalue à 87,5 milliards de dollars les investissements dans les technologies climatiques au cours du deuxième semestre 2020 et du premier semestre 2021, soit une augmentation de 210 % par rapport aux douze mois précédents. Selon PwC, les technologies climatiques représentent désormais « 14 % de chaque dollar de capital-risque ». (PwC définit les technologies climatiques comme des technologies « explicitement axées sur la réduction des émissions de GES ou sur la lutte contre les impacts du réchauffement climatique »).

La taille moyenne des transactions a presque quadruplé au premier semestre 2021 par rapport à l’année précédente, passant de 27 millions de dollars à 96 millions de dollars. Les méga-opérations sont de plus en plus courantes. Cette croissance de la taille moyenne des transactions est largement imputable au succès que rencontrent ces nouveaux (et controversés) outils de financement que sont les SPAC (sociétés d’acquisition à vocation spéciale). Les levées de fonds via des SPAC ont ainsi atteint 28 milliards de dollars sur la période : près d’un tiers de tous les financements. Les États-Unis ont drainé 65 % du total de ces investissements, l’Europe 21% et la Chine 10%.

Les investissements dans le secteur des batteries ont atteint 5,9 milliards de dollars, pour seulement 18 transactions.

Les auteurs du rapport observent toutefois que les cinq domaines technologiques (sur 15) qui représentent plus de 80 % du potentiel de réduction des émissions d’ici 2050, n’ont drainé que 25 % des investissements orientés vers les technologies climatiques entre 2013 et le premier semestre 2021.

Triplement du financement en capital-risque dans les smart grids, le stockage et l’efficacité énergétique

Le fonds d’investissement Mercom Capital scrute, trimestre par trimestre, depuis quelques années le financement mondial en capital-risque (capital-risque, capital-investissement et capital-risque d’entreprise) des entreprises de stockage sur batterie, de réseaux intelligents et d’efficacité énergétique. Selon la dernière note de Mercom, le financement mondial en capital-risque dans ces trois secteurs en 2021 aurait augmenté de 290 %, avec 10,1 milliards de dollars contre 2,6 milliards de dollars levés en 2020.

  • Stockage par batterie : le financement par capital-risque de ces entreprises a totalisé 8,8 milliards de dollars (81 transactions), contre 1,6 milliard de dollars levés dans 32 transactions en 2020, soit une augmentation de 470 %. Les entreprises spécialisées dans les technologies de batterie à base de lithium-ion ont drainé les financements de capital-risque les plus importants, devant celles spécialisées dans les systèmes de stockage d’énergie, les batteries à l’état solide, les batteries à flux, le stockage d’énergie thermique, les batteries à métal liquide, les batteries à l’état solide, le stockage par gravité et les batteries métal-hydrogène.
  • Smart Grids : les activités que Mercom Capital réunit sous le label « Smart Grids» ont levé 1,2 milliard de dollars de financement dans 35 opérations en 2021, soit une augmentation de 55 % (748 millions de dollars levés et 38 opérations en 2020). Les entreprises spécialisées dans la recharge intelligente ont drainé 789 millions de dollars (18 transactions) suivies par celles qui sont spécialisées dans l’intégration d’énergies renouvelables (155 millions de dollars, 6 transactions) et les entreprises d’analyse de données (116 millions de dollars, 3 transactions). Mercom enregistre 19 opérations de fusion et acquisition  dans les réseaux intelligents, contre 21 opérations en 2020.
  • Efficacité énergétique : le financement de ces sociétés s’est élevé à 122 millions de dollars (291 en 2020).

 

Sources

 

Voir aussi :